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connu que le thé bouy. Depuis, la paſſion pour cette feuille Aſiatique eſt devenue générale. Peut-être cette manie n’eſt-elle pas ſans inconvénient : mais on ne ſauroit nier que la nation ne lui doive plus de ſobriété que n’en avoient pu obtenir les loix les plus ſévères, les déclamations éloquentes des orateurs chrétiens, les meilleurs traités de morale.

Il fut porté de la Chine en 1766, ſix millions peſant de thé par les Anglois ; quatre millions cinq cens mille livres par les hollandois ; deux millions quatre cens mille livres par les Suédois ; autant par les Danois ; & deux millions cent mille livres par les François. Ces quantités réunies formoient un total de dix-ſept millions quatre cens mille livres. La préférence que la plupart des peuples donnent au chocolat, au café, à d’autres boiſſons ; des obſervations ſuivies avec ſoin pendant pluſieurs années ; des calculs les plus exacts qu’il ſoit poſſible de faire dans des matières ſi compliquées : tout nous décide à penſer que la conſommation de l’Europe entière ne s’élevoit pas alors au-deſſus de cinq millions quatre cens mille livres. En ce cas,