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Durant ces différens périodes, le commerce fut tout entier entre les mains des Juifs & des Lombards, qu’on favoriſoit & qu’on dépouilloit, qu’on regardoit comme des hommes néceſſaires & qu’on faiſoit mourir, qu’alternativement on chaſſoit & on rappelloit. Ces déſordres étoient augmentés par l’audace des pirates qui, quelquefois protégés par le gouvernement avec lequel ils partageoient leur proie, couroient indifféremment ſur tous les vaiſſeaux, & en noyoient ſouvent les équipages. L’intérêt de l’argent étoit de cinquante pour cent. Il ne ſortoit d’Angleterre que des cuirs, des fourrures, du beurre, du plomb, de l’étain, pour une ſomme modique ; & trente mille ſacs de laine, qui rendoient annuellement une ſomme plus conſidérable. Comme les Anglois ignoroient encore alors l’art de teindre les laines, & celui de les mettre en œuvre avec élégance ; la plus grande partie de cet argent repaſſoit la mer. Pour remédier à cet inconvénient, on appella des manufacturiers étrangers ; & il ne fut plus permis de s’habiller qu’avec des étoffes de fabrique nationale. Dans le même tems, on défendoit