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moins, devient plus fort, lorſqu’on eſt réduit à emprunter des Chetz.

C’eſt une famille d’Indiens, puiſſante de tems immémorial ſur le Gange. Ses richeſſes ont mis long-tems dans ſes mains la banque de la cour, la ferme générale du pays & la direction des monnoies, qu’elle frappe tous les ans d’un nouveau coin, pour renouveler tous les ans les bénéfices de cette opération. Tant de moyens réunis, l’ont miſe en état de prêter à la fois au gouvernement, quarante, ſoixante, & juſqu’à cent millions. Lorſqu’on n’a pas pu ou voulu les lui rendre, il lui a été permis de ſe dédommager en opprimant les peuples. Une fortune ſi prodigieuſe & ſi ſoutenue dans le centre de la tyrannie, au milieu des révolutions, paroit incroyable. Il n’eſt pas poſſible de comprendre, comment cet édifice a pu s’élever, comment ſur-tout il a pu durer. Pour débrouiller ce myſtère, il faut ſavoir que cette famille a toujours eu une influence décidée à la cour de Delhy, que les nababs, les rajas de Bengale ſe ſont mis dans ſa dépendance ; que ce qui entoure le ſouba, lui a été conſtamment vendu ; que le ſouba lui-même s’eſt