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Histoire philosophique

Quoique ce commerce paſſe par les mains des Européens & ſe faſſe ſous leur pavillon, il n’eſt pas tout entier pour leur compte. À la vérité les Mogols, communément bornés aux places du gouvernement, prennent rarement intérêt dans ces armemens : mais les Arméniens qui, depuis les révolutions de Perſe, ſe ſont fixés ſur les bords du Gange où ils ne faiſoient autrefois que des voyages, y placent volontiers leurs capitaux. Les fonds des Indiens y ſont encore plus conſidérables. L’impoſſibilité où ſont les naturels du pays de jouir de leurs richeſſes, ſous un gouvernement oppreſſeur, ne les empêche pas de travailler continuellement à les augmenter. Comme ils courroient trop de riſque à faire le négoce à découvert, ils ſont réduits à chercher des voies détournées. Dès qu’il arrive un Européen, les Gentils qui ſe connoiſſent mieux en hommes qu’on ne penſe, l’étudient ; & s’ils lui trouvent de l’économie, de l’activité, de l’intelligence, ils s’offrent à lui pour courtiers & pour caiſſiers ; ils lui prêtent ou lui font trouver de l’argent à la groſſe ou à intérêt. Cet intérêt, qui eſt ordinairement de neuf pour cent au