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Au commencement du ſiècle, quelques brames de Bengale allèrent porter leurs ſuperſtitions à Aſham, où on avoit le bonheur de ne ſuivre que la religion naturelle. Ils perſuadèrent à ce peuple, qu’il ſeroit plus agréable à Brama, s’il ſubſtituoit le ſel pur & ſain de la mer, à ce qui lui en tenoit lieu. Le ſouverain conſentit à le recevoir ; à condition que le commerce excluſif en ſeroit dans ſes mains ; qu’il ne pourroit être porté que par des Bengalis ; & que les bateaux qui le conduiroient, s’arrêteroient à la frontière du royaume. C’eſt ainſi que ſe ſont introduites toutes ces religions factices, par l’intérêt & pour l’intérêt des prêtres qui les prêchoient, & des rois qui les recevoient. Depuis cet arrangement, il va tous les ans du Gange à Aſham, une quarantaine de petite bâtimens, dont les cargaiſons de ſel donnent près de deux cens pour cent de bénéfice. On reçoit en paiement un peu d’or & un peu d’argent, de l’ivoire, du muſc, du bois d’aigle, de la gomme-lacque, & ſur-tout de la ſoie.

Cette ſoie, unique en ſon eſpèce, n’exige aucun ſoin. Elle vient ſur des arbres où les vers naiſſent, ſe nourriſſent, font toutes leurs