Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/195

Cette page n’a pas encore été corrigée

tambour. Ces principes de probité sont si généralement reçus, qu’ils dirigent jusqu’aux opérations du gouvernement. De sept à huit millions qu’il reçoit annuellement, sans que la culture ni l’industrie en souffrent ; ce qui n’est pas consommé par les dépenses indispensables de l’état, est employé à son amélioration. Le raja peut se livrer à des soins si humains, parce qu’il ne donne aux Mogols que le tribut qu’il juge à propos, & lorsqu’il le juge à propos.

Lecteurs, dont les âmes sensibles viennent de s’épanouir de joie au récit des mœurs simples & de la sagesse du gouvernement de Bisnapore : vous qui, fatigués des vices & des désordres de votre contrée, vous êtes, sans doute, expatriés plus d’une fois par la pensée, pour devenir les témoins de la vertu & partager le bonheur de ce recoin du Bengale, c’est avec regret que je vais peut-être détruire la plus douce des illusions, & répandre de l’amertume dans vos cœurs. Mais la vérité m’y contraint. Hélas ! ce Bisnapore & tout ce que je vous en ai raconté, pourroit bien n’être qu’une fable.

Je vous entends. Vous vous écriez avec