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gands qui ſortoient en foule des contrées ſeptentrionales de l’Europe.

Tous les empires eurent à gémir de cet horrible fléau, le plus deſtructeur peut-être dont les annales du monde aient perpétué le ſouvenir : mais les calamités qu’éprouva la Grande-Bretagne ſont inexprimables. Chaque année, ſouvent pluſieurs fois l’année, elle voyoit les campagnes ravagées, ſes maiſons brûlées, ſes femmes violées, ſes temples dépouillés, ſes habitans maſſacrés, mis à la torture, ou emmenés en eſclavage. Tous ces malheurs ſe ſuccédoient avec une rapidité qu’on a peine à ſuivre. Lorſque le pays fut détruit au point de ne plus rien offrir à l’avidité de ces barbares, ils s’emparèrent du pays même. À une nation ſuccédoit une nation. La horde qui ſurvenoit, chaſſoit ou exterminoit celle qui étoit déjà établie ; & cette foule de révolutions perpétuoit l’inertie, la défiance & la misère. Dans ces tems de découragement, les Bretons n’avoient guère de liaiſons de commerce avec le continent. Les échanges étoient même ſi rares entre eux, qu’il falloit des témoins pour la moindre vente.