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civiliſation dans leurs habitans. Il fallut y remédier continuellement par des moyens violens. Le lieu où les membres d’une même famille ſont contraints de s’exterminer les uns les autres, eſt le séjour de l’extrême barbarie. C’eſt le commerce des peuples entre eux qui diminue leur férocité. C’eſt leur séparation qui la fait durer. Les Inſulaires de nos jours n’ont pas entièrement perdu leur caractère primitif ; & peut-être qu’un obſervateur attentif en trouveroit quelques veſtiges dans la Grande-Bretagne même.

La domination Romaine ne fut ni aſſez longue, ni aſſez paiſible, pour beaucoup avancer l’induſtrie des Bretons. Le peu même de progrès qu’avoient fait pendant cette époque la culture & les arts, s’anéantit auſſi-tôt que cette fière puiſſance ſe fut décidée à abandonner ſa conquête. L’eſprit de ſervitude que les peuples méridionaux de la Bretagne avoient contracté, leur ôta le courage de réſiſter d’abord au refoulement des Pictes leurs voiſins, qui s’étoient ſauvés du joug, en fuyant vers le Nord de l’iſle, & peu après aux expéditions plus meurtrières, plus opiniâtres & plus combinées des peuples bri-