Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/166

Cette page n’a pas encore été corrigée
152
Histoire philosophique

& pénible des Indiens dans l’art de peindre leurs toiles. On diroit qu’ils le doivent plutôt à leur antiquité, qu’à la fécondité de leur génie. Ce qui ſemble autoriſer cette conjecture, c’eſt qu’ils ſe ſont arrêtés dans la carrière des arts, ſans y avoir avancé d’un ſeul pas depuis pluſieurs ſiècles ; tandis que nous l’avons parcourue avec une rapidité extrême, & que nous voyons, avec une émulation pleine de confiance, l’intervalle immenſe qui nous sépare encore du terme. À ne conſidérer même que le peu d’invention des Indiens, on ſeroit tenté de croire que, depuis un tems immémorial, ils ont reçu les arts qu’ils cultivent de quelque peuple plus induſtrieux : mais quand on réfléchit que ces arts ont un rapport excluſif avec les matières, les gommes, les couleurs, les productions de l’Inde, on ne peut s’empêcher de voir qu’ils y ſont nés.

Une choſe qui pourroit ſurprendre, c’eſt la modicité du prix des toiles où l’on fait entrer toutes les couleurs. Elles ne coûtent guère plus que celles où il n’en entre que deux ou trois. Mais il faut obſerver que les marchands du pays vendent à la fois, à toutes