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étrangers qui contentent à partager avec lui leurs priſes.

XX. Révolutions arrivées à Surate. Suite de l’influence qu’y acquièrent les Anglois.

Surate fut long-tems le ſeul port par lequel l’empire Mogol exportoit ſes manufactures, & recevoit ce qui étoit néceſſaire à la conſommation. Pour le contenir & pour le défendre, on imagina de conſtruire une citadelle, dont le commandant n’avoit aucune autorité ſur celui de la ville : on avoit même l’attention de choiſir deux gouverneurs, qui ne fuſſent pas de caractère à ſe réunir pour l’oppreſſion du commerce. Des circonſtances fâcheuſes donnèrent naiſſance à un troiſième pouvoir. Les mers des Indes étoient inſeſtées de pirates qui interceptoient la navigation, & qui empêchoient les dévots Muſulmans de faire le voyage de la Mecque. Le Mogol crut que le chef d’une colonie de Cafres, qui s’étoit établie à Rajapour, ſeroit propre à arrêter le cours de ces brigandages, & il le choiſit pour ſon amiral. On lui aſſigna pour ſa ſolde annuelle, trois lacks de roupies, ou 720 000 livres. Cette ſomme n’ayant pas été exactement payée, l’amiral s’empara du château ; & de ce fort, il opprimoit la ville. Tout alors tomba dans la confuſion ; & l’avarice