Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/148

Cette page n’a pas encore été corrigée
134
Histoire philosophique

1755. Geriath, capitale de l’état, ſuccomba l’année ſuivante ; & dans ſon tombeau fut enſeveli un empire, dont la proſpérité n’avoit jamais eu pour baſe que les calamités publiques. Malheureuſement de ſes débris s’augmenta la puiſſance des Marattes, qui n’étoit déjà que trop redoutable.

XIX. État actuel des Marattes à la côte de Malabar.

Ce peuple, long-tems réduit à ſes montagnes, s’eſt étendu peu-à-peu vers la mer, occupe aujourd’hui le vaſte eſpace qui eſt entre Surate & Goa, & menace également ces deux grandes villes. Il eſt célèbre à la côte de Coromandel, vers Delhy, & ſur le Gange, par ſes incurſions, par ſes brigandages ; mais ſon point central, la maſſe de ſes forces, & ſa demeure fixe, ſont au Malabar. L’eſprit de rapine qu’il porte dans les contrées qu’il ne fait que parcourir, il le perd dans les provinces qu’il a conquiſes. Déjà s’eſt amélioré le ſort des lieux qui furent ſi long-tems écrasés par la tyrannie des Portugais, & qui ont ſucceſſivement groſſi ſon domaine. Sa conduite eſt bien différente ſur les mers voiſines. Non-ſeulement il y pille les bâtimens trop foibles pour lui réſiſter ; mais il accorde encore des aſyles aux pirates