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Histoire philosophique

les courtiſans d’une vanité. Tel eſt l’aſcendant des ſuperſtitions. C’eſt ſur-tout par elles que l’opinion règne dans le monde. Par les ſuperſtitions, la ruſe a partagé l’empire avec la force. Quand l’une a tout conquis, tout ſoumis ; l’autre vient & lui donne des loix à ſon tour. Elles traitent enſemble ; les hommes baiſſent la tête, & ſe laiſſent lier les mains. S’il arrive que ces deux puiſſances mécontentes ſe ſoulèvent l’une contre l’autre, c’eſt alors qu’on voit ruiſſeler dans les rues le ſang des citoyens. Une partie ſe range ſous l’étendard de la ſuperſtition ; l’autre marche ſous les drapeaux du ſouverain. Les pères égorgent les enfans ; les enfans enfoncent, ſans héſiter, le poignard dans le ſein des pères. Toute idée de juſtice cède ; tout ſentiment d’humanité s’anéantit. L’homme ſemble tout-à-coup métamorphosé en bête féroce. L’on crie-d’un côté : Rebelles, obéiſſez à votre monarque. On crie de l’autre : Sacrilèges, impies, obéiſſez à Dieu, le maître de votre roi, ou mourez. Je m’adreſſerai donc à tous les ſouverains de la terre, & j’oſerai leur révéler la pensée ſecrète du ſacerdoce. Qu’ils ſachent que ſi le prêtre s’expliquoit franchement,