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un homme d’un ſens exquis & profond. Il recevoit d’un de ſes voiſins deux ambaſſadeurs, dont l’un avoit commencé une harangue prolixe que l’autre ſe diſpoſoit à continuer. Ne ſoyez pas long, la vie eſt courte, lui dit ce prince avec un viſage auſtère. Son règne ne fut taché que par une foibleſſe. Il étoit Naïre, & ſe trouvoit humilié de ne pas appartenir à la première des caſtes. Dans la vue de s’y incorporer, autant qu’il étoit poſſible, il fît fondre en 1752 un veau d’or, y entra par le muffle, & en ſortit par la partie opposée. Ses édits furent datés depuis du jour d’une ſi glorieuſe rennaiſſance ; & au grand ſcandale de tout l’Indoſtan, il fut reconnu pour brame par ceux de ſes ſujets qui jouiſſoient de cette grande prérogative.

Par les ſoins d’un François nommé la Noyé, ce monarque étoit parvenu à former l’armée la mieux diſciplinée qu’on eût jamais vue dans ces contrées. Avec ces forces, il comptoit, dit-on, conquérir le Malabar entier ; & peut-être le ſuccès auroit-il couronné ſon ambition, ſi les nations Européennes ne l’euſſent traversée. Malgré ces obſtacles, il réuſſit à reculer les frontières