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Histoire philosophique

On en fait des paquets de douze mille. Ce qui ne reſte pas dans la circulation du pays, ou n’eſt pas porté à Ceylan, paſſe ſur les bords du Gange. Il ſort tous les ans de ce fleuve un grand nombre de bâtimens qui vont vendre du ſucre, du riz, des toiles, quelques autres objets moins conſidérables aux Maldives, & qui ſe chargent en retour de cauris, pour ſept ou huit cens mille livres. Une partie ſe diſperſe dans le Bengale, où il ſert de petite monnoie. Le reſte eſt enlevé par les Européens, qui l’emploient utilement dans leur commerce d’Afrique. Ils paient la livre ſix ſols, la vendent depuis douze, juſqu’à dix-huit dans leurs métropoles, & elle vaut en Guinée juſqu’à trente-cinq.

Le royaume de Travancor, qui s’étend du cap Comorin aux frontières de Cochin, n’étoit autrefois guère plus opulent que les Maldives. Il eſt vraiſemblable qu’il ne dut qu’à ſa pauvreté, la conſervation de ſon indépendance, lorſque les Mogols s’emparèrent du Maduré. Un monarque qui monta ſur le trône vers 1730, & qui l’occupa près de quarante ans, donna à cette couronne une dignité qu’elle n’avoit jamais eue. C’étoit