honteux de l’inſtinct deſtructeur des hommes ſans police, mais ſuite inévitable des vices du gouvernement deſpotique.
Dans cette confuſion de toutes choſes, Bender-Abaſſi & les autres mauvais ports de Perſe furent négligés. Le peu qui s’y faiſoit de commerce ſe porta preſque tout entier à Baſſora.
C’eſt une grande ville, bâtie par les Arabes, dans le tems de leur plus grande proſpérité, quinze lieues au-deſſous de la jonction du Tigre & de l’Euphrate, & à la même diſtance du golfe Perſique où ces fleuves vont ſe jetter. Cinquante mille âmes forment ſa population. Ce ſont des Arabes, auxquels ſe ſont joints quinze cens Arméniens, & un petit nombre de familles de différentes nations, que l’eſpoir du gain y a attirées. Son territoire abonde en riz, en fruits, en légumes, en coton, & ſur-tout en dattes.
Le port de Baſſora, devint, comme ſes fondateurs l’avoient prévu, un entrepôt célèbre. Les marchandiſes de l’Europe y arrivoient par l’Euphrate ; & celles des Indes, par la mer. La tyrannie des Portugais interrompit cette communication. Elle ſe ſeroit