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tout la déſolation, & finir par lui donner des fers, après vingt ans de carnage. Le fanatiſme perpétue & peut-être même expie les horreurs dont ils ſe ſont ſouillés dans le cours de leurs conquêtes. Car telle eſt la nature des opinions religieuſes, qu’elles ſanctifient le crime qu’elles inſpirent, & que ce crime efface les autres forfaits qu’on a commis. Le fanatique dit à Dieu : il eſt vrai, Seigneur, que j’ai empoiſonné, que j’ai aſſaſſiné, que j’ai volé ; mais tu me pardonneras, car j’ai exterminé de ma propre main cinquante de tes ennemis. Dévorés de zèle pour les ſuperſtitions des Turcs, & d’une haine implacable pour la ſecte d’Ali, les Aghuans maſſacrent de ſang-froid des milliers de Perſans. Dans le même tems, les provinces où ils n’avoient pas pénétré, ſont ravagées par les Ruſſes, par les Turcs & par les Tartares. Thamas-Koulikan réuſſit à chaſſer de ſa patrie tous ces brigands, mais en ſe montrant plus barbare qu’eux. Sa mort violente devient une nouvelle ſource de calamités. L’anarchie ajoute aux cruautés de la tyrannie. Un des plus beaux empires du monde n’eſt plus qu’un vaſte cimetière, monument à jamais