Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

affaires une face nouvelle & plus raiſonnable.

Dans le tems que les trois nations faiſoient les plus grands efforts pour acquérir la ſupériorité, & que ces efforts tournoient à l’avantage de l’empire ; on leur fit éprouver mille vexations, plus injuſtes, plus odieuſes, les unes que les autres. Le trône fut continuellement occupé par des tyrans ou des imbécilles, dont les cruautés & les injuſtices affoibliſſoient les liaiſons de leurs ſujets avec les autres peuples. L’un de ces deſpotes étoit ſi féroce, qu’un grand de la cour diſoit, que toutes fois fois qu’il ſortoit de la chambre du roi, il tâtoit ſa tête, avec ſes deux mains, pour voir ſi elle étoit encore ſur ſes épaules. Lorſqu’on annonçoit à ſon ſucceſſeur que les Turcs envahiſſoient les plus belles provinces de l’empire, il répondoit froidement qu’il s’embarraſſoit peu de leurs progrès, pourvu qu’ils lui laiſſent la ville d’Iſpahan. Il eut un fils ſi baſſement livré aux plus petites pratiques de ſa religion, qu’on l’appelloit, par dériſion, le moine ou le prêtre Huſſein : caractère moins odieux peut-être pour un prince, mais bien plus dangereux pour ſes peuples, que celui