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Une conſtitution où le pouvoir légiſlatif & le pouvoir exécutif ſont séparés, porte en elle-même le germe d’une diviſion perpétuelle. Il eſt impoſſible que la paix règne entre des corps politiques opposés. Il faut que la prérogative cherche à s’étendre & preſſe la liberté. Il faut que la liberté cherche à s’étendre & preſſe la prérogative.

Quelque admiration que l’on ait pour un gouvernement, s’il ne peut ſe conſerver que par les mêmes moyens qu’il s’eſt établi ; ſi ſon hiſtoire à venir doit être la même que par le paſſé, des révoltes, des guerres civiles, des peuples écrasés, des rois égorgés ou chaſſés, un état d’alarmes & de troubles continuels : qui eſt-ce qui en voudroit à ce prix ? Si la paix au-dedans & au-dehors eſt l’objet de toute adminiſtration, que penſer d’un ordre de choſes incompatible avec la paix ?

Ne ſeroit-il pas à ſouhaiter que le nombre des repréſentans fut proportionné à la valeur des propriétés, la juſte meſure du patriotiſme ? N’eſt-il pas abſurde qu’un pauvre hameau, qu’un malheureux village en députe autant & plus à l’aſſemblée des communes