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Angloiſe, c’eſt le partage du pouvoir légiſlatif. Par-tout où le monarque n’a beſoin que de ſa volonté pour établir des loix, que de ſa volonté pour les abolir, il n’y a point de gouvernement ; le prince eſt deſpote, & le peuple eſclave. Diviſez la puiſſance légiſlative, & une conſtitution bien ordonnée ne s’altérera que rarement & pour peu de tems. Dans la crainte d’être ſoupçonnée d’ignorance ou de corruption, aucune des parties ne ſe permettra des ouvertures dangereuſes ; & ſi quelqu’une l’oſoit, elle s’aviliroit ſans utilité. Dans cet ordre de choſes, le plus grand inconvénient qui puiſſe arriver, c’eſt qu’une bonne loi ſoit rejetée ou qu’elle ne ſoit pas adoptée auſſi-tôt que le plus grand bien l’auroit exigé.

La portion du pouvoir légiſlatif qu’a recouvré le peuple, lui eſt aſſurée par la diſpoſition qu’il a excluſivement des taxes. Tout état a des beſoins habituels ; il a des beſoins extraordinaires. On ne ſauroit pourvoir aux uns & aux autres autrement que par des impôts, & dans la Grande-Bretagne, le monarque n’en peut exiger aucun. Son rôle ſe réduit à s’adreſſer aux communes,