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visée ; parce qu’il n’y a plus alors, ni cet accord, ni ce ſecret, ni cette célérité, qui peuvent ſeuls lui donner de l’énergie.

De cette grande prérogative ſuit néceſſairement la diſpoſition des forces de la république. L’abus en eût été difficile dans les ſiècles où on n’aſſembloit que rarement & pour quelques mois des milices qui n’avoient pas le tems de perdre l’attachement qu’elles devoient à leur patrie. Mais depuis que tous les princes de l’Europe ont contracté la ruineuſe habitude d’avoir ſur pied, même en tems de paix, des troupes mercenaires, & que la sûreté de la Grande-Bretagne a exigé qu’elle ſe conformât à ce funeſte uſage, le danger eſt devenu plus grand, & il a fallu multiplier les précautions. Il n’y a que la nation qui puiſſe aſſembler des armées ; elle ne les forme jamais que pour un an, & les impôts établis pour les ſoudoyer ne doivent avoir que la même durée. De ſorte que ſi ce moyen de défenſe que les circonſtances ont fait juger néceſſaire, menaçoit la liberté, il ne faudroit jamais attendre long-tems pour mettre fin aux inquiétudes.

Un plus grand appui encore pour la liberté