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prit un autre caractère ſous l’opiniâtre ſucceſſeur de ce foible deſpote. Les armes devinrent le ſeul arbitre de ces grands intérêts ; & la nation montra qu’en combattant autrefois pour le choix de ſes tyrans, elle s’étoit préparée à les abattre un jour, à les punir & à les chaſſer. Pour mettre fin aux défiances & aux vengeances qui, tant que les Stuarts auroient régné, ſe ſeroient éternisées entre le trône & les peuples, elle choiſit dans une race étrangère un prince qui dût accepter enfin ce pacte ſocial, que tous les rois héréditaires affectent de méconnoître. Guillaume III reçut des conditions avec le ſceptre, & ſe contenta d’une autorité établie ſur la même baſe que les droits de la nation. Depuis qu’un titre parlementaire eſt le ſeul fondement de la royauté, les conventions n’ont pas été violées.

Le gouvernement placé entre la monarchie abſolue, qui eſt une tyrannie ; la démocratie, qui penche à l’anarchie ; & l’ariſtocratie, qui, flottant de l’une à l’autre, tombe dans les écueils de toutes les deux : le gouvernement mixte des Anglois, ſaiſiſſant les avantages de ces trois pouvoirs, qui s’obſervent,