Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée

amenés dans ſon ſiècle. Il abattit l’anarchie des grands. En France, en Eſpagne, on les avoit ſoumis aux rois ; en Allemagne, un empereur les ſoumit aux loix. Sous le nom de paix publique, tout prince peut être cité en juſtice. À la vérité, ces loix établies entre des lions ne ſauvent point les agneaux. Le peuple eſt toujours à la merci de ſes maîtres, qui ne ſe ſont obligés que les uns envers les autres. Mais comme on ne peut ni violer la paix publique, ni faire la guerre ſans encourir les peines d’un tribunal toujours ouvert, & appuyé de toutes les forces de l’empire, les peuples ſont moins ſujets à ces irruptions ſubites, à ces hoſtilités imprévues, qui, troublant la propriété des ſouverains, menaçoient continuellement la vie & la sûreté des ſujets.

Pourquoi l’Europe entière ne ſeroit-elle pas un jour ſoumiſe à la même forme de gouvernement ? Pourquoi n’y auroit-il pas le banc de l’Europe, comme il y a le banc de l’empire ? Pourquoi les princes compoſant un pareil tribunal, dont l’autorité ſeroit conſentie par tous, & maintenue par l’univerſalité contre un ſeul rebelle, le beau rêve