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c’eſt de corrompre ceux même qui ſont raſſemblés autour du trône ; c’eſt de faire adopter quelque forme d’adminiſtration également nuiſible à tout le corps national, qu’elle appauvrit ſous prétexte de travailler à ſa liberté, & au ſouverain, dont elle anéantit toutes les prérogatives.

Alors le monarque trouve autant d’autorités oppoſées à la ſienne, qu’il y a d’ordres différens dans l’état. Alors ſa volonté n’eſt rien, ſans le concours de ces différentes volontés. Alors il faut qu’il aſſemble, qu’il propoſe, qu’on délibère ſur les choſes de la moindre importance. Alors on lui donne des tuteurs comme à un pupille imbécile ; & ces tuteurs ſont des hommes, ſur la malveillance deſquels il peut compter.

Mais quel eſt alors l’état de la nation ? Qu’a produit l’influence des puiſſances voiſines ? Elle a tout confondu, tout bouleversé, tout ſéduit par ſon argent & par ſes menées. Il n’y a plus qu’un parti ; c’eſt le parti de l’étranger. Il n’y a plus que des factionnaires hypocrites. Le royaliſme eſt une hypocriſie ; l’anti-royaliſme eſt une autre hypocriſie. Ce ſont deux maſques divers de l’ambition & de