Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée

Cette princeſſe fait élever dans des maiſons qu’elle a fondées, de jeunes enfans des deux ſexes avec le ſentiment de la liberté. Il en ſortira ſans doute une race différente de la race préſente. Mais ces établiſſemens ont-ils une baſe ſolide ? Se ſoutiennent-ils par eux-mêmes ou par les ſecours qu’on ne ceſſe de leur prodiguer ? Si le règne préſent les a vus naître, le règne ſuivant ne les verra-t-il pas tomber ? Sont-ils bien agréables aux grands qui en voient la deſtination ? Le climat qui diſpoſe de tout, ne prévaudra-t-il pas à la longue ſur les bons principes ? La corruption épargnera-t-elle cette tendre jeuneſſe perdue dans l’immenſité de l’empire, & aſſaillie de tous les côtés par l’exemple des mauvaiſes mœurs ?

On voit dans la capitale des académies de tous les genres, & des étrangers qui les rempliſſent. Ne ſeroient-ce pas d’inutiles & ruineux établiſſemens dans une région où les ſavans ne ſont pas entendus, où il n’y a peint d’occupation pour les artiſtes. Pour que les talens & les connoiſſances puſſent proſpérer, il faudroit qu’enfans du ſol, ils fuſſent l’effet d’une population ſurabondante.