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ſuprême par le rapport de leur foibleſſe à ſa puiſſance.

Je n’ai pas ignoré qu’aſſujettis à des maîtres, votre ſort doit être ſur-tout leur ouvrage, & qu’en vous parlant de vos maux, c’étoit leur reprocher leurs erreurs ou leurs crimes. Cette réflexion n’a pas abattu mon courage. Je n’ai pas cru que le ſaint reſpect que l’on doit à l’humanité pût jamais ne pas s’accorder avec le reſpect dû à ſes protecteurs naturels. Je me ſuis tranſporté en idée dans le conſeil des puiſſances. J’ai parlé ſans déguiſement & ſans crainte, & je n’ai pas à me reprocher d’avoir trahi la grande cauſe que j’oſois plaider. J’ai dit aux ſouverains quels étoient leurs devoirs & vos droits. Je leur ai retracé les funeſtes effets du pouvoir inhumain qui opprime, ou du pouvoir indolent & foible qui laiſſe opprimer. Je les ai environnés des tableaux de vos malheurs, & leur cœur a dû treſſaillir. Je les ai avertis que s’ils en détournoient les yeux, ces fidèles & effrayantes peintures ſeroient gravées ſur le marbre de leur tombe, & accuſeroient leur cendre que la poſtérité fouleroit aux pieds.