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ſoient incultes. Eh ! laiſſez-les en friche, s’il faut que, pour les mettre en valeur, l’homme ſoit réduit à la condition de la brute, & dans celui qui achète, & dans celui qui vend, & dans celui qui eſt vendu.

Comptera-t-on pour rien la complication que les établiſſemens dans les deux Indes ont mis dans la machine du gouvernement ? Avant cette époque, les mains propres à tenir les rênes des empires étoient infiniment rares. Une adminiſtration plus embarraſſée a exigé un génie plus vaſte & des connoiſſances plus profondes. Les ſoins de ſouveraineté partagés entre les citoyens placés au pied du trône & les ſujets fixés ſous l’équateur ou près du pôle, ont été inſuffiſans pour les uns & pour les autres. Tout eſt tombé dans la confuſion. Les divers états ont langui ſous le joug de l’oppreſſion ; & des guerres interminables ou ſans ceſſe renouvelées ont fatigué & enſanglanté le globe.

Arrêtons-nous ici, & plaçons-nous au tems où l’Amérique & l’Inde étoient inconnues. Je m’adreſſe au plus cruel des Européens, & je lui dis. Il exiſte des régions qui te