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où ils en trouvent, & ne les prennent que pour un beſoin animal : de ces amphibies qui vivent à la ſurface des eaux ; qui ne deſcendent à terre que pour un moment ; pour qui toute plage habitable eſt égale ; qui n’ont vraiment ni pères, ni mères, ni enfans, ni frères, ni parens, ni amis, ni concitoyens ; en qui les liens les plus doux & les plus ſacrés ſont éteints ; qui quittent leur pays ſans regret ; qui n’y rentrent qu’avec l’impatience d’en ſortir ; & à qui l’habitude d’un élément terrible donne un caractère féroce. Leur probité n’eſt pas à l’épreuve du paſſage de la ligne ; & ils acquièrent des richeſſes en échange de leur vertu & de leur ſanté.

Cette ſoif inſatiable de l’or a donné naiſſance au plus infâme, au plus atroce de tous les commerces, celui des eſclaves. On parle des crimes contre nature, & l’on ne cite pas celui-là comme le plus exécrable. La plupart des nations de l’Europe s’en ſont ſouillées ; & un vil intérêt a étouffé dans leur cœur tous les ſentimens qu’on doit à ſon ſemblable. Mais, ſans ces bras, des contrées dont l’acquiſition a coûté ſi cher, reſte-