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un état, elles ſont l’objet de l’ambition publiquue. Ce ſont d’abord les hommes les plus puiſſans qui s’en emparent. Alors, comme les richeſſes ſe trouvent dans les mains qui tiennent le timon des affaires, elles ſe confondent dans l’eſprit du peuple avec les honneurs ; & le citoyen vertueux qui n’aſpiroit aux emplois que pour l’amour de la gloire, aſpire, ſans le ſavoir, à l’honneur pour le lucre. On ne conquiert pas, on n’acquiert pas des terres & des tréſors, ſans vouloir en jouir ; & l’on ne jouit des richeſſes que par la volupté ou l’orientation du luxe. Par ce double uſage, elles corrompent & le citoyen qui les poſſède, & le peuple qu’elles faſcinent. Dès qu’on ne travaille que par l’attrait du gain, & non par l’amour du devoir, on préfère les conditions les plus lucratives aux plus honorables. C’eſt alors qu’on voit l’honneur de profeſſion ſe détourner, s’obſcurcir & ſe perdre dans les routes de l’opulence.

À l’avantage de la fauſſe conſidération où parviennent les richeſſes, ſe joignent les commodités naturelles de l’opulence, nouvelle ſource de corruption. L’homme en place