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exclu ceux qui labouroient la terre du droit de la poſſéder ; quand, par une colluſion ſacrilège entre l’autel & le trône, on eut aſſocié Dieu à l’épée, que faiſoit la morale de l’évangile, qu’enhardir la tyrannie par l’obéiſſance paſſive ; que cimenter l’eſclavage par le mépris des ſciences ; qu’ajouter enfin à la crainte des grands, la crainte des démons ? Et qu’étoient les mœurs avec de telles loix ? Ce qu’elles ſont de nos jours en Pologne, où le peuple, ſans terres & ſans armes, ſe laiſſe hacher par les Ruſſes, enrôler par les Pruſſiens ; & n’ayant ni vigueur, ni ſentiment, croit qu’il ſuffit d’être Chrétien, & reſte neutre entre ſes voiſins & ſes Palatins.

À un ſemblable état d’anarchie, où les mœurs ne prirent ni caractère ni ſtabilité, ſuccéda l’épidémie des guerres ſaintes où les nations ſe pervertirent & ſe dégradèrent, en ſe communiquant la contagion des vices avec celle du fanatiſme. On changea de mœurs, pour avoir changé de climat. Toutes les paſſions s’allumèrent & s’exaltèrent entre les tombeaux de Jéſus & de Mahomet. On rapporta de la Paleſtine un germe de luxe & de