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ſociales, pour ſe conformer aux préceptes de la religion. Qu’en arrivera-t-il ? C’eſt qu’alternativement infracteurs de ces différentes autorités, nous n’en reſpecterons aucune ; & que nous ne ſerons ni hommes, ni citoyens, ni pieux.

Les bonnes mœurs exigeroient donc une réforme préliminaire qui réduisît les codes à l’identité. La religion ne devroit nous défendre ou nous preſcrire que ce qui nous ſeroit preſcrit ou défendu par la loi civile, & les loix civiles & religieuſes ſe modeler ſur la loi naturelle qui a été, qui eſt, & qui ſera toujours la plus forte. D’où l’on voit que le vrai légiſlateur eſt encore à naître ; que ce ne fut ni Moïſe, ni Solon, ni Numa, ni Mahomet, ni même Confucius ; que ce n’eſt pas ſeulement dans Athènes, mais par toute la terre qu’on a preſcrit aux hommes, non la meilleure légiſlation qu’on pouvoit leur donner, mais la meilleure qu’ils pouvoient recevoir ; & qu’à ne conſidérer que la morale, ils ſeroient peut-être moins éloignés du bien, s’ils étoient reſtés ſous l’état ſimple & innocent de certains ſauvages : car rien n’eſt ſi difficile que de déraciner des