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avec ſa fortune, ſon commerce, ſes princes & ſes citoyens, dans une anarchie inévitable. Les loix, les loix pour ſauver une nation de ſa perte, & la liberté des écrits pour ſauver les loix ! Mais quel eſt le fondement & le rempart des loix ! Les mœurs.

XIV. Morale.

Depuis trop long-tems on cherche à dégrader l’homme. Ses détracteurs en ont fait un monſtre. Dans leur humeur, ils l’ont accablé d’outrages. La coupable ſatiſfaction de le rabaiſſer a ſeule conduit leurs nous crayons. Qui es-tu donc, toi, qui oſes inſulter ainſi ton ſemblable ? Quel ſein te donna le jour ? Eſt-ce au fond de ton cœur que tu puiſas tant de blaſphèmes ? Si ton orgueil eût été moins aveugle ou ton caractère moins féroce, barbare ! tu n’aurois vu qu’un être toujours foible, ſouvent séduit par l’erreur, quelquefois égaré par l’imagination, mais ſorti des mains de la nature avec des penchans honnêtes.

L’homme nait avec un germe de vertu, quoiqu’il ne naiſſe pas vertueux. Il ne parvient à cet état ſublime qu’après s’être étudié lui-même, qu’après avoir connu ſes devoirs, qu’après avoir contracté l’habitude de les