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ment un plus vaſte horizon. Une eſpèce d’empire s’eſt formé, celui de la littérature, qui commence & prépare la république Européenne. Si jamais, en effet, la philoſophie peut s’inſinuer dans l’âme des ſouverains ou de leurs miniſtres, les ſyſtêmes de politique s’agrandiront, & ſeront ſimplifiés. On aura plus d’égard à l’humanité dans tous les projets ; le bien public entrera dans les négociations, non comme un mot, mais comme une choſe utile, même aux rois.

Déjà l’imprimerie a fait des progrès qu’on ne ſauroit arrêter dans un état, ſans reculer la nation pour vouloir avancer l’autorité du gouvernement. Les livres éclairent la multitude, humaniſent les hommes puiſſans, charment le loiſir des riches, inſtruiſent toutes les claſſes de la ſociété. Les ſciences perfectionnent les différentes branches de l’économie politique. Les erreurs même des eſprits ſyſtématiques ſe diſſipent au grand jour de l’impreſſion, parce que le raiſonnement & la diſcuſſion les mettent au creuſet de la vérité.

Le commerce des lumières eſt devenu néceſſaire à l’induſtrie, & la littérature ſeule