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non parce qu’elles ont manqué de vertus, mais d’une voix ſacrée qui les célébrât.

Gardez-vous ſur-tout d’ajouter la persécution à l’indifférence. C’eſt bien aſſez qu’un écrivain brave le reſſentiment du magiſtrat intolérant, du prêtre fanatique, du grand ſeigneur ombrageux, de toutes les conditions entêtées de leurs prérogatives, ſans être encore exposé aux sévérités du gouvernement. Infliger au philoſophe une peine infamante & capitale, c’eſt le condamner à la puſillanimité ou au ſilence ; c’eſt étouffer le génie ou le bannir ; c’eſt arrêter l’inſtruction nationale & le progrès des lumières.

Ces réflexions ſont, dira-t-on, d’un homme qui a bien réſolu de parler ſans ménagement des perſonnes & des choſes ; des perſonnes, à qui l’on n’oſe guère s’adreſſer avec franchiſe ; des choſes, ſur leſquelles un écrivain, doué d’un peu de ſens, ne penſe ni ne s’exprime comme le vulgaire, & qui ne ſeroit pas fâché d’échapper à la proſcription. Cela ſe peut ; & quel mal y auroit-il à cela ? Cependant, quoi qu’il en puiſſe arriver, jamais je ne trahirai l’honorable cauſe de la liberté. Si je n’en recueillois que