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viſibles de la nature, vinrent animer les ouvrages de l’imagination, & les paſſions humaines vivifièrent les deſſins du crayon. L’homme donna de l’eſprit à la matière, & du corps à l’eſprit. Mais, qu’on l’obſerve bien, ce fut dans un moment où l’amour de la gloire échauffoit une nation grande & puiſſante par la ſituation & l’étendue de ſon empire. L’honneur qui l’élevoit à ſes propres yeux, qui la caractériſoit alors aux yeux de toute l’Europe, l’honneur étoit ſon âme, ſon inſtinct, & lui tenoit lieu de cette liberté qui avoit créé tous les arts du génie dans les républiques d’Athènes & de Rome ; qui les avoit fait revivre dans celle de Florence ; qui les forçoit de germer ſur les bords nébuleux & froids de la Tamiſe.

Que n’eût pas fait le génie en France ſous la ſeule influence des loix, s’il oſa de ſi grandes choſes ſous l’empire du plus abſolu des rois ? En voyant ce que le patriotiſme a donné d’énergie aux Anglois, malgré l’inactivité du climat ; jugez de ce qu’il auroit produit chez les François, où le ciel le plus doux invite un peuple vif & ſenſible, à créer, à jouir ? Un pays où l’on trouve,