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enſeignoient le jour des choſes & des paroles qu’ils n’entendoient pas.

La mythologie des Romains fit renaître dans la littérature les grâces de l’antiquité. L’eſprit d’imitation les emprunta d’abord ſans choix. L’uſage amena le goût, dans l’emploi de ces richeſſes. Le génie Italien, trop fécond pour ne pas créer, mêla ſes hardieſſes, ſes caprices même aux règles & aux exemples de ſes anciens maîtres ; les fictions de la féerie à celles de la fable. Les mœurs du ſiècle & le caractère national imprimèrent leur teinte aux ouvrages de l’imagination. Pétrarque avoit peint cette beauté virginale & céleſte qui ſervoit de modèle aux héroïnes de la chevalerie. Armide fut l’emblème de la coquetterie qui régnoit alors en Italie. L’Arioſte confondit tous les genres dans un ouvrage qu’on peut appeler un labyrinthe de poéſie, plutôt qu’un poëme. Cet auteur ſera dans l’hiſtoire de la littérature, iſolé, comme les palais enchantés qu’il a bâtis dans les déſerts.

Les lettres & les arts, après avoir traversé les mers, franchirent les Alpes. De même que les croiſades avoient apporté les