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l’induſtrie, ce que le génie de l’homme avoit enfanté de plus parfait, les livres, les tableaux, les ſtatues. Ceux de ces précieux monumens qu’on n’avoit pas détruits ou incendiés, étoient mutilés ou conſacrés aux plus vils uſages. Des ruines ou des cendres couvroient obſcurément le peu qui avoit échappé à la dévaſtation. Rome même, pluſieurs fois ſaccagée par des brigands féroces, étoit à la fin devenue leur repaire. Cette maîtreſſe des nations, ſi long-tems la terreur & l’admiration de l’univers, n’étoit plus qu’un objet de mépris ou de pitié. Au milieu des décombres de l’empire, quelques malheureux échappés au glaive ou à la famine, languiſſoient honteuſement, eſclaves de ces ſauvages, dont ils avoient ignoré juſqu’au nom, ou qu’ils avoient enchaînés & foulés aux pieds.

L’hiſtoire a conſervé le ſouvenir de pluſieurs peuples belliqueux, qui ayant ſubjugué des nations éclairées, en avoient adopté les mœurs, les loix & les connoiſſances. À la trop funeſte époque qui nous occupe, ce furent les vaincus qui s’aſſimilèrent baſſement à leurs barbares vainqueurs. C’eſt