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vellé depuis par flatterie. Les empereurs qui avoient élevé une puiſſance illimitée ſur les ruines de la liberté romaine, ne voulurent plus être de ſimples mortels. Pour ſatiſfaire cet extravagant orgueil, il fallut leur donner les attributs de la divinité. Leurs images, leurs ſtatues, leurs palais, tout s’éloigna des vraies proportions, tout devint coloſſal. Les nations ſe proſternèrent devant ces idoles, & l’encens brûla ſur leurs autels. Les peuples & les artiſtes entraînèrent les poëtes, les orateurs & les hiſtoriens, dont la perſonne eût été exposée, dont les écrits auroient paru des ſatyres, s’ils ſe fuſſent renfermés dans les bornes du vrai, du goût & de la décence.

Tel étoit au midi de l’Europe, le déplorable état des arts & des lettres, lorſque des hordes barbares ſorties des régions du Nord, anéantirent ce qui n’étoit que corrompu. Ces peuples, après avoir couvert les campagnes d’oſſemens, après avoir jonché les provinces de cadavres, ſe jetèrent avec la fureur qui leur étoit naturelle ſur les villes. Ils renversèrent de fond en comble pluſieurs de ces ſuperbes cités où étoit réuni ce que