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vois des monarques & des empires ſe battre & s’acharner les uns ſur les autres, au milieu de leurs dettes, de leurs fonds publics, & de leurs revenus engagés ; il me ſemble voir, dit un écrivain philoſophe, des gens qui s’eſcriment avec des bâtons dans la boutique d’un fayancier au milieu des porcelaines.

Il y auroit peut-être de la témérité à aſſurer que, dans aucune circonſtance, le ſervice public ne pourra exiger l’aliénation d’une portion des revenus publics. Les ſcènes qui agitent la terre ſont ſi variées ; les empires ſont exposés à de ſi étranges révolutions ; le champ des événemens eſt ſi étendu ; la politique frappe des coups ſi ſurprenans, qu’il n’eſt pas donné à la ſageſſe humaine de tout prévoir, de tout calculer. Mais ici, c’eſt la conduite pratique des gouvernemens qui nous occupe, & non une ſituation bizarre, qui vraiſemblablement ne ſe préſentera jamais.

Tout état qui ne ſera pas détourné de la voie ruineuſe des emprunts par les conſidérations que nous venons de peſer, creuſera lui-même ſa tombe. La facilité d’avoir beau-