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ſans les mobiles qui les mettent en mouvement. Tous ces différens ſignes ne figurent qu’à raiſon des ventes & des achats qui ſe font. Couvrez d’or, ſi vous voulez, l’Europe entière. Si elle n’a point de marchandiſes dans le commerce, cet or ſera ſans activité. Multipliez ſeulement les effets commerçables, & ne vous embarraſſez pas des ſignes ; la confiance & la néceſſité les ſauront bien établir ſans vous. Gardez-vous, ſur-tout, de vouloir les multiplier par des moyens qui diminueroient néceſſairement la maſſe de vos productions renaiſſantes.

Mais l’uſage du crédit public met une puiſſance en état de faire la loi aux autres puiſſances. Ne verra-t-on jamais que cette reſſource eſt commune à toutes les nations ? Si c’eſt une eſpèce de grand chemin dont vous puiſſiez vous ſervir pour aller à votre ennemi, ne pourra-t-il pas s’en ſervir pour venir à vous ? Le crédit des deux peuples ne ſera-t-il pas proportionné à leurs richeſſes reſpectives ? & ne ſe trouveront-ils pas ruinés, ſans avoir eu l’un ſur l’autre d’autres avantages que ceux dont ils jouiſſoient indépendamment de tout emprunt ? Quand je