Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/406

Cette page n’a pas encore été corrigée

faveur de ſes citoyens volés, ſpoliés par une puiſſance étrangère : c’eſt qu’un état s’aſſujettit pour ainſi dire ſes voiſins par des emprunts : c’eſt que la Hollande craint, à chaque inſtant, que le premier coup de canon qui crèvera le flanc d’un de ſes vaiſſeaux, n’acquitte l’Angleterre avec elle : c’eſt qu’un édit daté de Verſailles peut du ſoir au matin acquitter ſans conséquence la France avec Genève : c’eſt que ces motifs qu’il ſeroit honteux de s’avouer, agiſſent ſourdement dans l’âme & les conſeils des rois puiſſans.

L’uſage du crédit public, quoique ruineux pour tous les états, ne l’eſt pas pour tous au même point. Une nation qui a beaucoup de riches productions, dont le revenu entier eſt libre ; qui a toujours reſpecté ſes engagemens ; qui n’a pas l’ambition des conquêtes ; qui ſe gouverne elle-même : une telle nation trouvera de l’argent à meilleur marché, qu’un empire dont le ſol n’eſt pas abondant ; qui eſt ſurchargé de dettes ; qui entreprend au-delà de ſes forces ; qui a trompé ſes créanciers ; qui gémit ſous un gouvernement arbitraire. Le prêteur qui dic-