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Ni par cet outré philantrope, qui ſe livrant à un patriotiſme mal entendu, oubliera le fiſc pour ſe livrer indiſcrètement à de séduiſantes impulſions de bienfaiſance & de popularité : impulſons toujours louables dans un philoſophe, mais auxquelles un miniſtre ne doit ſe prêter qu’avec circonſpection. Car enfin, il faut une force publique ; il faut un fiſc qui l’alimente.

Écartez ſur-tout le prodigue. Comment l’homme qui a mal géré ſes propres affaires, adminiſtrera-t-il ceſſes d’un grand état ? Quoi, il a diſſipé ſes fonds, & il ſera économe du revenu public ? Il a de la probité, de la délicateſſe, des lumières même, le déſir ſincère de bien ſervir l’état : mais dans une circonſtance & ſur un objet de l’importance de celui dont il s’agit, ne vous en fiez qu’aux vertus de tempérament. Combien ſont entrés vertueux dans le miniſtère, & qu’on ne reconnoiſſoit plus, qui ne ſe reconnoiſſoient plus eux-mêmes, en moins de ſix mois. Il y a peut-être moins de séductions au pied du trône que dans l’antichambre d’un miniſtre ; & moins encore au pied du trône & dans l’antichambre des autres mi-