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vendeur à retrouver ſur le conſommateur la quotité du prix qui me revient de la conſommation ».

Cela eſt très-beau, il faut en convenir. Mais, viſir, comment aſſiſtes-tu à tous les marchés de boiſſons qui ſe font dans l’empire ? Comment n’es-tu pas pillé par ce cabaretier de mauvaiſe foi, dès le tems de Rome, quoique le queſteur ne fût pas ſon collègue ? Après ce que tu m’as confié, je ne doute de rien ; mais je ſuis curieux.

« C’eſt ici que je te paroîtrai impudent, mais profond. On ne ſauroit aſpirer à toute ſorte de mérite & de gloire. D’abord, nul ne peut déplacer une pièce de vin, de cidre, de bière, d’eau-de-vie ; ſoit du lieu de la récolte ou de la fabrication ; ſoit du cellier, ſoit de la cave, ſoit pour vendre, ſoit pour envoyer, n’importe à quelle deſtination, ſans ma permiſſion par écrit. Je ſais par-là ce qu’elles deviennent. Si l’on en rencontre quelqu’une ſans ce paſſe-port, je m’en empare ; & le propriétaire me paie ſur le champ, en ſus, le triple ou le quadruple de la valeur. Enſuite, les mêmes agens