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un principe de dépériſſement. Réduits à l’impuiſſance de fournir des ſecours extraordinaires à la patrie menacée ou envahie, les peuples ſubiſſent un joug étranger, ou reçoivent des loix honteuſes & ruineuſes. La cataſtrophe eſt précipitée, lorſque le fiſc a recours aux fermes pour faire ſes recouvremens.

La contribution des citoyens au tréſor public eſt un tribut. Ils doivent le préſenter eux-mêmes au ſouverain, qui de ſon côté en doit diriger ſagement l’emploi. Tout agent intermédiaire détruit ces rapports qui ne ſauroient être aſſez rapprochés. Son influence devient une ſource inévitable de diviſion & de ravage. C’eſt ſous cet odieux aſpect qu’ont toujours été regardés les fermiers des taxes.

Le fermier imagine les impôts. Son talent eſt de les multiplier. Il les enveloppe de ténèbres pour leur donner l’extenſion qui lui conviendra. Des juges de ſon choix appuient ſes intérêts. Toutes les avenues du trône lui ſont vendues, & il fait, à ſon gré, vanter ſon zèle ou calomnier les peuples mécontens avec raiſon de ſes vexations. Par