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n’a pas concentré toute ſon action. Ses déſirs ſe ſont étendus beaucoup au-delà ; & plus il eſt entré d’objets dans le plan de ſon bonheur, plus il a multiplié ſes efforts pour les obtenir. A-t-il été réduit par la tyrannie à n’eſpérer d’un labeur opiniâtre que ce qui étoit de néceſſité première, ſon mouvement s’eſt ralenti. Il a rétréci lui-même la ſphère de ſes beſoins. Troublé, aigri, deſſéché par l’eſprit oppreſſeur du fiſc, on l’a vu, ou languiſſant dans ſes déplorables foyers, ou s’expatriant pour chercher une deſtinée moins malheureuſe, ou errant & vagabond ſur des provinces déſolées. La plupart des ſociétés ont, à des époques différentes, ſouffert ces calamités, préſenté ce hideux tableau.

Auſſi eſt-ce une erreur & une grande erreur de juger de la puiſſance des empires par le revenu du ſouverain. Cette baſe de calcul ſeroit la meilleure qu’on pût établir, ſi les tributs n’étoient que le thermomètre des facultés des citoyens : mais lorſque la république eſt opprimée par le poids ou la variété des impoſitions, loin que cette richeſſe ſoit un ſigne de proſpérité nationale, elle eſt