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Quelques écrivains ont pensé que la dîme eccléſiaſtique, malheureuſement perçue dans la plus grande partie de l’Europe, ſeroit un modèle à ſuivre. Dans ce ſyſtême, a-t-on dit, il n’y auroit ni infidélité, ni faveur, ni mépriſe. Selon que les circonſtances exigeroient plus ou moins d’efforts de la part des peuples, le fiſc prendroit la quatrième, la cinquième, la ſixième partie des productions, au moment même de la récolte ; & tout ſe trouveroit conſommé ſans contrainte, ſans ſurpriſe, ſans défiance & ſans vexation.

Mais dans cette forme de perception, Comment ſe feroient les recouvremens ? Pour des objets ſi multipliés, ſi variables & ſi peu connus, une régie n’exigeroit-elle pas des frais énormes ? La ferme ne donneroit-elle pas occaſion à des profits trop conſidérables ? Ainſi, quand cet ordre de choſes paroîtroit le plus favorable au citoyen, ne ſeroit-il pas un des plus funeſtes au gouvernement ? Or qui peut douter que les intérêts de l’individu ne ſoient les mêmes que ceux de la ſociété ? Quelqu’un ignoreroit-il encore le rapport intime qui eſt entre le ſouverain qui demande & les ſujets qui donnent ?