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cissitudes, que le tems apporte dans tout ce qui dépend de la nature & de la fortune ? La taxe perſonnelle est donc une vexation individuelle, sans utilité commune. La capitation est un eſclavage affligeant pour l’homme, sans profit pour l’état.

Après s’être permis l’impôt, qui est la preuve du deſpotisme, ou qui y conduit un peu plutôt, un peu plus tard, on s’est jeté sur les conſommations. Les souverains ont affecté de regarder ce nouveau tribut comme volontaire, en quelque sorte, puiſque sa quantité dépend des dépenses que tout citoyen est libre d’augmenter ou de diminuer, au gré de ſes facultés & de ſes goûts, la plupart factices.

Mais si la taxe porte sur les denrées de premier besoin, c’est le comble de la cruauté. Avant toutes les loix sociales, l’homme avoit le droit de ſubsister. L’a-t-il perdu par l’établissement des loix ? Survendre au peuple les fruits de la terre, c’est les lui ravir ; c’est attaquer le principe de son existence, que de le priver par un impôt, des moyens de la conſerver. En pressurant la ſubsistance de l’indigent, l’état lui ôte les forces avec