Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/357

Cette page n’a pas encore été corrigée

du maître. C’étoit une ſervitude réelle & une ſervitude perſonnelle.

Lorſque le jour commença à luire ſur l’Europe, les nations s’occupèrent de leur sûreté. Elles fournirent volontairement des contributions pour réprimer les ennemis domeſtiques & étrangers : mais ces tributs furent modérés, parce que les princes n’étoient pas encore aſſez abſolus pour les détourner au gré de leurs caprices, ou au profit de leur ambition.

Le Nouveau-Monde fut découvert, & la paſſion des conquêtes s’empara de tous les peuples. Cet eſprit d’agrandiſſement ne pouvoit ſe concilier avec la lenteur des aſſemblées populaires ; & les ſouverains réuſſirent, ſans beaucoup d’efforts, à s’approprier plus de droits qu’ils n’en avoient eus. L’impoſition des taxes fut la plus importante de leurs uſurpations. C’eſt celle dont les ſuites ont été le plus funeſtes.

On n’a pas craint d’imprimer le ſceau de la ſervitude ſur le front des hommes, en taxant leur tête. Indépendamment de l’humiliation, eſt-il rien de plus arbitraire qu’un pareil impôt ?