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vendre, maudiſſant le jour qui les a vus naître, ils craignent d’enfanter des malheureux. En vain croit-on qu’il naît beaucoup d’enfans à la campagne, quand il en meurt chaque année autant & plus qu’on n’en voit naître. Les travaux des pères & le lait des mères, ſont perdus pour eux & pour leurs enfans. Ils ne parviendront pas à la fleur de leur âge, à la maturité, qui récompenſe, par des fruits, toutes les peines de la culture. Avec un peu de terre, la mère pourroit nourrir ſon enfant & cultiver ſon champ ; tandis que le père augmenteroit au-dehors, du prix de ſon travail, l’aiſance de ſa famille. Sans propriété, ces trois êtres languiſſent du peu que gagne un ſeul, ou l’enfant périt des travaux de ſa mère.

Que de maux naiſſent d’une légiſlation vicieuſe ou défectueuſe ! Les vices & les fléaux ont une filiation immenſe ; ils ſe reproduiſent pour tout dévorer, & croiſſent les uns des autres juſqu’au néant. L’indigence des campagnes produit la multiplication des troupes ; fardeau ruineux par ſa nature, deſtructeur des hommes durant la guerre, & des terres durant la paix. Oui, les ſoldats