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Les arts n’avoient pas plus de vigueur que les loix. Le commerce étoit ſi borné qu’il ſe réduiſoit à l’échange d’un petit nombre de productions particulières à quelques terroirs, à quelques climats. Les manufactures étoient ſi peu variées, que les deux ſexes s’habilloient également d’une étoffe de laine, qu’on ne faiſoit même teindre que fort rarement. Tous les genres d’induſtrie étoient ſi peu avancés, qu’il n’exiſtoit pas une ſeule ville qui leur dût ſon accroiſſement ou ſa proſpérité. C’étoit l’effet, c’étoit la cauſe du mépris qu’on avoit généralement pour ces diverſes occupations.

Il étoit difficile que dans des régions où les arts languiſſoient, les denrées trouvaient un débouché sûr & avantageux. Auſſi la culture ſe reſſentoit-elle de ce défaut de conſommation. La preuve que la plupart de ces belles contrées étoient en friche, c’eſt que le climat y étoit ſenſiblement plus rude qu’il ne l’a été depuis. Si d’immenſes forêts n’avoient privé les campagnes de l’action de l’aſtre bienfaiſant qui anime tout, nos ancêtres auroient-ils eu plus à ſouffrir de la rigueur des ſaiſons que nous ?

Ces