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le monde, revient vivre & mourir ſous le toit de ſa naiſſance.

Tout, en effet, dépend & réſulte de la culture des terres. Elle fait la force intérieure des états ; elle y attire les richeſſes du dehors. Toute puiſſance qui vient d’ailleurs que de la terre, eſt artificielle & précaire, ſoit dans le phyſique, ſoit dans le moral. L’induſtrie & le commerce qui ne s’exercent pas en premier lieu ſur l’agriculture d’un pays, ſont au pouvoir des nations étrangères, qui peuvent, ou les diſputer par émulation, ou les ôter par envie ; ſoit en établiſſant la même induſtrie chez elles ; ſoit en ſupprimant l’exportation de leurs matières en nature, ou l’importation de ces matières en œuvre. Mais un état bien défriché, bien cultivé, produit les hommes par les fruits de la terre, & les richeſſes par les hommes. Ce ne ſont pas les dents du dragon qu’il sème pour enfanter des ſoldats qui ſe détruiſent ; c’eſt le lait de Junon qui peuple le ciel d’une multitude innombrable d’étoiles.

Le gouvernement doit donc ſa protection aux campagnes plutôt qu’aux villes, Les unes ſont des mères & des nourrices